Le meilleur budget possible... sans faire de choix

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Lors du dernier conseil municipal, le Maire a présenté le budget 2010.

Apres s’être accommodé du budget 2008 voté par son prédécesseur et avoir construit en 2009, selon ses propres dires, « un budget de transition », 2010 devait être l’expression, enfin, des priorités de la (plus si) « nouvelle » majorité.

« Techniquement », dans un contexte de risque sur la fiscalité locale, ce budget est bon :

L’épargne (c'est-à-dire, en gros, ce qui reste quand on a payé les dépenses de gestion) augmente de  2M €. La charge de la dette se stabilise autour de 1 M €. Les charges à caractère général progressent de 1.3 % seulement et les recettes de gestion évoluent de +7.3 % soit près de + 7 M €.

Ce budget dégage donc une capacité à financer un programme d’équipement plus ambitieux que les années précédentes. On pourrait s’arrêter là et tout le monde serait heureux

Malheureusement, lorsqu’on met ce budget en perspectives, les choses sont moins agréables :

1-    L’épargne est structurellement baissière sur longue période : le taux d’épargne brut avait atteint 20.8 % en 2006. Le double d’aujourd’hui.

 

2-    Cette baisse a deux origines :

a.     Une incapacité à juguler la hausse des frais de personnel

·        le nombre d’agents permanents de la ville atteint son plus haut niveau depuis 2001. 1511 personnes.

·        Les personnels non permanents explosent : 1M € de dépenses en plus, +9%

·        La ville de Colombes dépense 52 % des charges de gestion pour payer le personnel.

 

b.     Un « yoyo fiscal » inquiétant :

Depuis 2001 on alterne les hausses et les baisses d’impôts à Colombes. Personne n’y comprend plus rien. Et malheureusement, les contribuables ont tendance à l’amnésie sur les baisses. Les Colombiens ont déjà oublié la petite réduction (inutile) de l’an dernier et ne retiendront que la forte hausse de cette année (+7,8 % en tenant compte des hausses de taux et des hausses des bases imposables). N’oublions pas que le « manque à gagner » cumulé des baisses d’impôts (Taxe d’Habitation et Taxe Foncière) depuis 2006 s’élève à 23 M €.

3-    La dette est maîtrisée optiquement en volume, mais la charge de la dette ne restera faible (ce qui est prévu au budget) que si les taux d’intérêt se maintiennent à un niveau très bas. Faire ce pari est faire prendre un risque budgétaire important à la ville.
Par ailleurs, la capacité de désendettement de la ville se dégrade : en 2006 il fallait moins de 4 ans, « à épargne constante », pour rembourser le stock de dettes. Il faut près de 8 ans aujourd’hui. On est encore loin des 18 ans atteints en 2001, mais ce n’est pas un bon signe.

 

En conclusion, faute de s’attaquer aux vrais problèmes, il ne peut y avoir de lisibilité des priorités politiques. La boussole est cassée, on ne sait plus bien ou l’on va ;  on embauche des rameurs mais l’armateur/ banquier présentera ses traites et il faudra bien que quelqu’un paye.

 

2010 BP 2010 BP

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M
<br /> <br /> Pour les slides, c'est ici :<br /> <br /> <br /> http://laurent.trupin.over-blog.com/pages/310310_Budget_2010-2545572.html<br /> <br /> <br /> Les comptes rendus complets sont toujours disponibles dans le pavé "Conseils Municipaux" en haut et à gauche du blog.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Merci pour tes analyses constructives sur les décisions du conseil municipal.<br /> <br /> <br /> J’ai quelques remarques à y apporter :<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> 1/ Sur le sujet des « 52% des dépenses du personnel », pourrais-tu nous donner la moyenne des autres villes comparables à<br /> Colombes pour avec un benchmark ? Il est toujours difficile d’avoir un avis sur des % sans pouvoir les comparer. Une ville n’est pas tout à fait comme une entreprise, les ratios ne sont pas<br /> les mêmes.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> 2/ Sur le sujet du « Yoyo du taux d’imposition ». Félicitations pour ta présentation (et tes photos de vacances) lors du<br /> dernier conseil municipal ! C’était très pro, instructif et éloquent ! (pourrais-tu les mêmes en ligne ?). Il ne manquait qu’une chose sur tes slides : la représentation des<br /> périodes électorales pour expliquer ces effets de « yoyo »… Malheureusement, on ne gére pas une ville comme une entreprise.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> 3/ Sur le niveau d’endettement de la ville, là aussi aurais-tu un benchmark sur des villes comparables ?<br /> <br /> <br /> <br />
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