La crise...

Publié le par laurent trupin

 Alors que la peur de  la crise financière gagne, peut on avoir une réflexion de bon sens, en essayant de ne pas jargonner ? Voici quelques idées, libres, d’un « non spécialiste engagé » (l’avantage des blogs c’est qu’on peut écrire ce qu’on pense. Je prends le risque que ça soit qualifié de « n’importe quoi » par « ceux qui savent »…)

1-      Arrêtons de parler de crise financière, il s’agit bien d’une crise économique, et majeure par-dessus tout. La situation dans laquelle nous sommes n’a plus rien à voir avec la crise des « sub primes » (crédits hypothécaires de mauvaise qualité) :

a.       les bourses mondiales n’existent plus (- XX en trois mois pour le Dow Jones, le CAC 40 au plus bas depuis XX ans, l’indice Japonais NIKKEI a effacé XX années de gains). Conséquences : elles ne jouent plus leur rôle de financement de l’économie (les entreprises ne collectent plus d’argent en bourse) et elles ne servent plus de référence à l’établissement de la valeur des entreprises (la capitalisation boursière  valeur d’une entreprise en bourse – est parfois inférieure à la valeur de revente des machines, des terrains, des immeubles… que la même entreprise possède). Conclusion : heureuses soient les entreprises non cotées ou (variante) « arrêtons de regarder baisser les indices, ils ne reflètent que la panique –allez l’absence de repères- des investisseurs

b.      il n’y a plus de crédit dans l’économie : les patrons de PME le savent, les banques réduisent les montants qu’elles acceptent de leur prêter. Idem pour les particuliers. Pire, c’est la même chose entre banques : elles ne se font plus confiance et chacune garde son argent. Conséquence : l’économie va se paralyser si ça dure. L’investissement va chuter, la consommation des ménages aussi (plus de crédit conso…). On le voit déjà dans l’immobilier. Conclusion : seuls ceux qui ont du cash pour financer leur projet s’en sortent bien

c.       la crise de confiance touche tout le monde : par effet de contagion, tous les secteurs sont concernés, et tous les pays souffrent : ou que vous regardiez, le même phénomène est enclenché : chute abyssale des valeurs boursières, faillites / restructurations des banques et des assurance / raréfaction des liquidités / impacts sur les citoyens « de base »…

 

2-      Etait-ce évitable ? A qui la faute ?

Je sais bien que ça sert à rien, mais ça fait du bien de se poser ces questions.

a.       Depuis quelques années, « on » crée de la monnaie de manière artificielle, avec des taux directeurs des banques centrales ultra-faibles (merci M. Greenspan), des taux d’intérêts réels voisins de zéro, avec des jouets comptables du genre « re-morgaging » (je vous prête 100 pour acheter une maison qui vaut 100, demain elle vaut 200, je vous reprête 100 ! facile, non… enfin, tant que ça monte) ou son équivalent pour les entreprises, la revalorisation des bilans aux valeurs de marchés (j’ai acheté mon terrain 100… vous connaissez la suite). Je me souviens d’ailleurs que le candidat SARKOZY avait dans son programme présidentiel la création des « hypothèques rechargeables », c'est-à-dire exactement ce qui cause la crise actuelle… mais il faut vraiment être de mauvaise composition pour rappeler ça….

 

b.      Donc on a créé une économie « cocaïne » dans laquelle il faut toujours plus de liquidité pour soutenir les hausses sinon tout s’écroule. Malgré quelques alertes claires (crise des valeurs technologiques…) on a cru que ça pouvait durer toujours. En fait ça arrangeait tout le monde : les producteurs de pétrole et de matière première, dont la rente se valorisait, les économies en développement qui assuraient des croissances à deux chiffres, et permettaient l’accès à la consommation à quelques dizaines de millions de personnes par an ; les économies développées, qui finançaient ainsi facilement leurs déficits publics et donc s’achetaient de la paix sociale à bas prix (non, non, je ne pense pas qu’à la France !)

c.       Conclusion : haro sur les Etats Unis c’est un peu facile, sauf à considérer la Serbie responsable de la première guerre mondiale ( !). tous coupables est plus juste.

 

3-      Qu’est-ce qui va se passer maintenant ?

C’est là que je sors ma boule de cristal et pour le coût d’une connexion…

Il y a les réponses « faciles » : « rien, tout va rentrer dans l’ordre » et « on n’en sait strictement rien ». je note d’ailleurs que les tenants de long terme de la première, passent maintenant à la deuxième. Préférant prendre partie, au risque de me tromper, je dirai qu’ont le plus de probabilité d’arriver :

a.       Une montée des protectionnismes et des nationalismes. La crise est perçue comme l’échec de la mondialisation (à tort, mais si je me lance là-dedans…) donc il va y avoir un repli sur soi : regardez à quel point les Etats Unis prennent des mesures unilatérales, comme tous les autres acteurs d’ailleurs

b.      Une brutale tension sur l’Union européenne : le sommet de samedi a été ridicule : les quatre pays les plus puissants de l’Union incapables de se mettre d’accord sur du concret… et faisant le lendemain l’inverse de ce qu’ils avaient décidé…. Triste ! je crains le pire pour les élections européennes de l’an prochain… ça va être tellement facile de « se faire » Bruxelles.

c.       Une destabilisation de certains pays émergeants : on le voit déjà en Thaïlande, demain la Chine ? Le « pacte » est rompu entre les dirigeants et les foules qui acceptaient l’absence de démocratie en échange d’une croissance forte…

d.      Le retour de l’inflation : après quelques mois de brutale déflation, notamment des « actifs » (immobiliers…), le retour de l’inflation sera à la fois mécanique (les banques centrales étant en train de reconsidérer leurs priorités : la lutte contre l’inflation va passer au second plan après la survie de l’économie) et nécessaire (c’est le seul moyen de détruire les liquidités excédentaires)

 

4-      Et pourtant, comme souvent, c’est en période de crise qu’on change vraiment les choses :

a.       Aujourd’hui la puissance publique est réhabilitée. Bien ou mal, ce n’est pas la question : les Etats sont les acteurs de derniers recours, même dans les pays les plus libéraux. Cette réhabilitation peut conduire à plus de régulation (contre les « méchants ») ou légitimer une vraie politique de réformes ambitieuses. A-t-on les dirigeants qu’il faut, c’est une autre histoire

b.      Les fusions se multiplient dans tous les secteurs : celui qui a du cash aujourd’hui peut tout se permettre. Le panorama industriel mondial de demain n’aura rien à voir avec celui d’hier !

c.       L’Europe a montré ses limites : la seule chose qui fonctionne c’est l’Europe monétaire ! la DG concurrence, qui a tout fait pour éviter la création de champions nationaux européens est tétanisée (vous croyez vraiment que les aides d’Etat à Dexia –au hasard- favorisent la concurrence au sein de l’Union ?). On crée, dans la douleur, enfin, les champions dont nous avons besoin ! Il faut réinventer –et pas à 27- une Europe plus unie et plus forte. C’est le moment !


Et, en prime, quelque chose me dit qu’on est en train de vivre des moments qu’on pourra raconter à nos petits enfants. A nous de faire en sorte qu’ils débouchent sur des événements positifs !

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M
Absolutamente de acuerdo, una crisis económica y de confianza.La pregunta que nos hacemos ,aqui en Sudamerica, es como afectara esta crisis en las economias de nuestros paises. 
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C
Notre dernier espoir : une Europe créative, solidaire et forte !
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<br /> <br /> absolument... mais je ne suis pas certain qu'on en prenne le chemin ! ça va être tellement simple de dire "c'est la faute à Trichet" une fois de plus ! Il faut se battre.<br /> <br /> <br /> <br />
B
Très bon article Laurent, 100% d'accord, il me semble aussi que le vrai danger aujourd'hui c'est la (re)monté des nationalismes. Mais comment lutter contre la réaction instinctive du repli sur soi devant la peur ?
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