conseil municipal d'octobre : automne ou printemps culturel ?
Lors du conseil municipal d'octobre, je me suis un peu "laché" sur le projet culturel. il me semblait légitime de lire et de commenter de manière assez détaillée un document imposant. et "pour une fois" qu'une politique municipale est clairement formalisée, c'était l'occasion de faire une critique complète et si-possible constructive.
je la livre au lecteur telle qu'elle a été prononcée... au risque d'éprouver sa patience
"Monsieur le Maire
Vous m’excuserez de ne pas participer au petit jeu « c’est moi qui l’ai fait »… au regard des besoins et des nécessités, c’est sans importance.
Le document que vous nous présentez ce soir a sans doute des aspects « urticants » dans le choix des mots, mais c’est un bon document.
Je voudrais, quelle que soit l’appréciation globale ou de détail qu’on peut porter sur les propositions et les conclusions de ce rapport, je salue le travail très professionnel de réflexion et de formalisation d’une politique culturelle d’une ville de 85 000 habitants.
Vous formalisez quatre axes:
- Favoriser l’égal accès à la culture pour tous (formulation un peu redondante) ;
- Développer l’éducation artistique et culturelle ;
- Susciter et renforcer les synergies, les partenariats et les complémentarités entre acteurs culturels ;
- Prendre en compte les problématiques du développement durable (passage obligé de toute politique désormais).
Je vais commencer par le plus simple : nous approuvons totalement l’axe 2, « développer l’éducation artistique et culturelle » avec notamment un axe fort : le passage d’une logique d’offre à une politique d’appui aux projets. En effet, il ne suffit pas d’avoir des équipements - et nous en avons largement notre compte - pour avoir une politique culturelle et construire un projet éducatif global était une nécessité. Associer tous les acteurs, enseignants et artistes en tête est une excellente idée. La diffusion de la culture passe par les enfants, c’est clair et je partage tout a fait l’idée que nous devons nous donner comme objectif que chaque enfant ait rencontré un artiste ; Je vous fais d’ailleurs une suggestion additionnelle : celle des résidences d’écrivains. Il s’agit d’offrir un logement et/ou un local à des écrivains, en échange de quelques heures passées avec les élèves, par exemple. C’est une mesure qui existe avec bonheur dans plusieurs communes de la région parisienne et qui pourrait certainement trouver son application à Colombes
Seul bémol ou plutôt « mise en garde » sur cet axe « éducation artistique » : j’ai noté page 68 la création d’une commission qualité (sur les spectacles dans les écoles). Attention de ne pas tourner « entre gens qui savent » ou, pire, de mettre en place une « commission de censure »
Nous sommes également tout à fait favorables aux partenariats et complémentarité. Je constate avec satisfaction que s’ébauche une coordination de nos deux équipements majeurs que sont l’Avant-Seine et la MJC. Même lieu, globalement même public. On ne s’est jamais posé la question de la dualité des structures (qui engendre des coûts), sur la dualité des équipements, tous les deux lourdement subventionnés.
Dans cette logique de partenariat entre la ville et les autres intervenants dans le domaine culturel, je souhaiterais avoir confirmation que la logique du conventionnement ; la signature de conventions d’objectifs, s’applique à tous les acteurs.
Je suis plus dubitatif sur le chapitre IV, la prise en compte du développement durable. Bien sur c’est « politiquement correct », surtout quand l’adjoint chargé de la culture est du groupe des Verts-Europe écologie. Mais, franchement, je ne vois pas très bien ce que cela vient faire là. En effet, soit ce sont des décisions qui tiennent plus de l’urbanisme que de la culture qui sont mentionnées ici, soit on a trouvé là l’occasion de parler du patrimoine colombien...
Enfin, je voudrais faire quelques commentaires sur l’axe intitulé « favoriser l’égal accès à la culture pour tous ». Outre une formulation curieuse, on voit bien l’idée maîresse derrière cela : la culture est, c’est un fait, un bien de luxe, au bénéfice de la partie la plus éduquée de la population colombienne. Comme dans toutes les communes, ce sont les CSP+ qui « consomment » le plus de culture. On ne peut pas s’en satisfaire, nous sommes d’accord. Mais quand on regarde les mesures prises sous ce chapitre, j’ai plusieurs observations.
En grande masse, je crois que le meilleur moyen de rapprocher la population de la culture, c’est le soutien à la création. Une création d’artistes locaux, en résidence ou pas, habitants la ville, exposant dans la ville, irrigant par leur créativité un quartier, une rue, un immeuble. Je souhaiterais que, dans les années qui viennent, on favorise la création parmi tous les projets qui sont financés, tant chez les petites associations qu’avec les gros du secteur : MJC…
La « diversification de l’offre culturelle pour un projet plus ouvert », deuxième point du chapitre « favoriser l’accès à la culture pour tous » appelle deux remarques :
Je ne pense pas que l’ouverture du musée de colombes à l’art contemporain soit de nature à attirer à la culture des personnes qui y sont rétives. Je comprends qu’il fallait bien le mettre quelque pat, mais quand même…. Et là il y a une chose intéressante, c’est la « biennale du verre », qui a été conçue autour d’un atelier Colombien, celui de Jean-Pierre Baquère. Ça me semble une très bonne logique.
Le renforcement de la place accordée au hip hop. Mon collègue absent Bruno Gouallou ayant beaucoup contribué à réaliser cet objectif dans la précédente majorité, je me garderai bien de le critiquer, mais néanmoins je ne voudrais pas qu’on tombe dans le raccoucit un peu simple, voire simplet « banlieue = hip hop ».
Enfin, je suis dubitatif sur les aspects concernant le cinéma. Non pas le cinéma scolaire, ou ce qui est dit me semble aller dans le sens d’une meilleur cohérence ; mais le cinéma les 4 clubs, dont tout le monde sait qu’il doit être soit profondément rénové, soit détruit et reconstruit. Je ne vois clairement ni l’un ni l’autre.
quatre remarques pour terminer :
Je suis inquiet des premiers éléments concrets de la politique culturelle municipale. En effet, quand on regarde la programmation 2011 – 2012 de l’Avant-Seine, il me semble qu’on est à l’opposé des idées que M. Frager vient de développer devant nous. En effet, on lit une programmation d’un autre siècle. Des années 70 devrais-je dire : Higelin, Guy Bedos, Utte Lemper, Alfred Jarry. J’ai l’impression de rajeunir – je doute que ce soit l’objectif - et de revenir en 4e. Où est la création ? ouù est le soutien aux artistes locaux ?
La dimension intercommunale n’est pas absente de ce projet. Et, de fait, si l'on veut mettre en commun des équipements (Asnières n’a pas d’équipement du type Avant-Seine), des programmations coordonnées… Il faut le faire aussi avec la grande ville du bout de la ligne : Paris. Nous ne sommes pas dans une grande ville de province qui aurait à montrer la diversité de la création culturelle de l’année à des habitants privés de choix. Les Colombiens peuvent aller à paris, à Nanterre, à Bobigny…. Il est inutile de faire faire un crochet par Colombes à des spectacles qui passent à Paris. Il faut une offre culturelle autonome (et pourquoi pas, faire venir les Parisiens, c’est un élément fort de l’attractivité d’une ville qui n’a pas d’image au-delà du périphérique).
Je reviens pour terminer sur les aspects « immobiliers » de l’accueil des artistes et notamment les plasticiens. Colombes a la chance de disposer de foncier, je ne trouve pas dans ce document d’idée forte d’accueil de plasticiens. Là encore, on pourrait, en contrepartie, leur demander une contribution à l’animation locale : exposition, présence dans les écoles, cours… ; n’oublions pas qu’aujourd’hui, pour faire mon petit couplet « parti de gauche », les plasticiens sont peu aidés, donc quand ils ont la chance de vendre une œuvre, ils doivent la vendre très cher, renforçant à la fois la marchandisation regrettable de la culture et son accaparement par les plus riches.
Aspects budgétaires : vous avez fait un choix courageux, celui d’augmenter le budget de la culture en temps de crise. Ce n’était pas évident et il faut signaler ce choix. Néanmoins, au risque de jouer les rabat-joie, la culture n’échappe pas à l’examen attentif des dépenses, pour trouver, dans les années difficiles qui s’annoncent, des pistes d’optimisation de l’argent public investi.
Merci de votre attention"