Et à Colombes, alors ? (décryptage non objectif, II)
1- En lecture rapide, la situation est sans appel :
Le PS est sonné de manière incompréhensible pour un parti qui a conduit victorieusement la bataille municipale, a emporté la mairie, dispose de 7 adjoints au maire sur 17…. Ecrasé par un parti qui a en tout et pour tout 5 élus municipaux (bon, je sais, c’est toujours mieux que nous…) et fait 4 points de plus à Colombes que son score national (le PS fait deux de moins). La majorité municipale pourrait se déchirer face à ce nouveau rapport de force
De même, l’UMP fait un point de plus qu’au national, est dans les trois cantons le premier parti de Colombes. Et le Modem est loin d’être en situation de jouer les arbitres. Les municipales de 2007 ne seraient donc déjà plus qu’un mauvais souvenir ?
2- En lecture un peu plus posée on constate que :
- L’abstention est globalement forte sur la ville : 60.6 % (un point de plus qu’au national) mais surtout elle est très inégalement répartie : le canton sud (plutôt à droite) a voté à 47.7 % ; les deux cantons nord (clairement à gauche) à 33.3 et 33.9 %. Ces 14 points d’écart dans la participation soulignent l’absence de mobilisation de l’électorat de gauche sur Colombes.
- Le « rapport droite gauche » n’a pas changé par rapport aux élections municipales de l’an dernier : si on additionne, pour la droite les scores de la liste UMP + Debout La République + Villiers + Front National + la moitié des voix du Modem, soit un total assez ambitieux, on obtient 41 % sur la ville . Le total des voix de gauche (PS + Verts + Front de gauche +NPA + LO + la moitié du modem), fait, lui, 51.2 %. Restent les 2.3 % de Dieudonné, les 2.6 % de l’alliance écologique, les 1.2 % de la terre sinon rien et toutes les autres listes marginales, soit 7.8 %, qui même si elles rejoignaient toutes la droite ne seraient pas suffisantes pour inverser le rapport des forces.
La gauche aurait donc de beaux jours devant elle à Colombes, et à part une négociation pimentée quant au nombre de places et aux responsabilités des verts dans l’équipe, n’aurait aucun souci à se faire, bien au contraire.
3- Suggérons une troisième lecture.
En effet, en rentrant dans le détail on constate que la force de la gauche à Colombes en 2009 vient… du centre : le tableau ci-dessous est explicite :
| Canton sud | Canton nord est | Canton nord ouest | Total colombes |
GAUCHE municipales | 40.90 % | 64.30 % | 61.50 % | 53.60 % |
GAUCHE européennes | 47.35% | 55.10 % | 55.20 % | 51.23 % |
DROITE municipales | 59.10 % | 35.70 % | 38.50 % | 46.40 % |
DROITE européennes | 47.15 % | 34.50 % | 35.40 % | 41.00 % |
Non affecté (européennes) | 5.5 % | 10.40 % (1) | 9.40% (2) | 7.70 % |
(1) : dont Dieudonné 4.2 %
(2) : dont Dieudonné 3.5 %
En comparant les scores par canton, on s’aperçoit que la gauche perd beaucoup de terrain dans les cantons nord, et ce même en incluant les votes pour la liste antisioniste de Dieudonné (à supposer qu’ils soient tous « de gauche ». Dans ces cantons, au contraire, la droite tangente ses scores des municipales, sans avoir à s’interroger sur le report à droite des écologistes « indépendants » qui figurent dans la ligne « non affecté ». Il y a donc bien un « glissement à droite » des cantons dits « populaires ». A corriger bien sur par le faible taux de participation, mais quand même.
Alors, d’où vient cette fois la suprématie de la gauche… surprise : du canton sud : alors qu’aux municipales le rapport était de 60 / 40 en faveur de la droite, droite et gauche font cette fois jeu égal, ce qui est un excellent score pour la gauche. Mais cette situation s’explique exclusivement par la performance de la liste Cohn-Bendit dans le canton sud : 23.10 %, 7 points de plus que le score national. Alors que dans ce canton le PS tombe à 11.90 %, à peine trois points au dessus du Modem. Le PS a été siphonné par les verts dans le canton sud : au premier tour des municipales dans ce canton, la liste conduite par le PS faisait 31 %. Le total Verts + PS aux européennes fait 35 %. On a donc assisté à un énorme « transfert interne », neutre en grande masse mais fragilisant pour le PS car ses électeurs sont passés à un vote « plus centriste » (je mets des guillemets) et sans doute plus volatile.
Côté UMP le canton sud n’est plus non plus ce qu’il était : 47 % contre 52 aux municipales, même avec la petite réserve de voix des écologistes indépendants, c’est peu. Une partie de son électorat a clairement été séduit par l’écologie également.
Même chose bien sur pour le Modem : nous résistons bien (à un niveau inférieur de participation, toujours) sur les cantons nord, dans lesquels nous réalisons en %le même score qu’aux municipales, mais nous perdons 2.5 points dans le canton sud, ou une partie de notre électorat a été séduit par l’écologie sous toutes ses formes : n’oublions pas que dans ce canton, bien sur Cohn-Bendit a fait 23 %, mais les deux autres listes écolo totalisent 3.6 % !
En conclusion, l’éparpillement des voix de droite et l’émergence des verts dans toute la ville et dans le canton sud en particulier, peut changer fortement la physionomie des résultats à Colombes au prochaines municipales… mais il reste cinq ans !! Ca donne largement le temps à d’autres forces d’émerger ;-)