Ca s'est passé près de chez vous....
Ah non, ça s’est passé chez nous !
Avec 16.5 % des votants lors des élections cantonales de dimanche dans le canton nord-ouest, le Front National revient à des scores historiques à Colombes.
Alors ? La faute, au Président de la République, qui banalise le discours du FN ? A la « face acceptable » que montre Marine Le Pen ? Au ras-le-bol / tous pourris ? A la crise ? A la guerre ?
A moins que vous ne préfériez des justifications locales : les déçus du Sarrisme ; les orphelins de Nicole… etc
Il n’y a certainement pas une seule cause à cette montée du Front National. Mais prenons un peu de distance (si c’est possible un dimanche soir)
1- Le score du FN est «en ligne » de son score national.
2- Il n’est pas exceptionnel pour Colombes : 16.8 % aux municipales de 1995 ; encore 8.8 % aux municipales de 2001 (des élections difficiles pour l’extrême droite : il faut faire une liste et mettre des noms dessus !) ; 13.8 % à la présidentielle de 2002.
3- En voix, c’est pareil : au pire moment pour lui, le FN fait 2228 voix à la présidentielle de 2007 vous vous souvenez, celle du « plus jamais ça », après le traumatisme du 21 avril 2002 ! Sur le canton nord ouest (en gros un tiers de Colombes), il en fait 718 aujourd’hui !
4- qu’on me permette d’écarter tout de suite un raisonnement « par analogie » : il faut ajouter le score de Denis Butaye à celui du FN. Ah bon ? alors il faut ajouter Philippe de Villiers, Pasqua et des dissidents de droite de tous poils aux scores du FN lors des scrutins précédents.
Bref, c’est important, c’est grave, c’est à analyser, mais c’est aussi « l’arbre qui cache la forêt » :
En effet, que constate-t-on « aussi » (et qui sera passé sous silence)
1- la participation progresse par rapport à l’élection partielle de 2009 (due à la démission de Philippe Sarre après son élection à la mairie) : on passe de 22 % à 35 %. Bon, ce n’est pas une victoire de la démocratie, mais « ça aurait pu être pire ». Au moins les électeurs n’ont pas « voté avec leurs pieds » (et pourtant il a fait beau)
2- le PCF recule sévèrement : de 22 % lors du précédent scrutin à 15.5 % : à quelques voix près, il ne profite pas de la « mobilisation ». Paie-t-il sa participation à la majorité municipale ? Est-ce le signe d’un reflux durable du fait des modifications sociologiques de Colombes ? En tous cas, ça ne sera pas neutre pour la bataille des prochaines législatives (je rappelle que ce canton élit un député PCF)
3- l’UMP est à l’étiage : 21 % c’est un score très décevant. Avec moins de cent voix de plus qu’en 2009, l’UMP est la grande perdante : Lionnel Rainfray talonnait le candidat PS en 2009 (seulement 20 voix de moins). Aujourd’hui il est 200 voix derrière
4- parmi les candidats « marginaux », seul Denis Butaye, sans étiquette, fait un score plus qu’honorable. Avec des thématiques de campagne plutôt « droite dure », et avec une certaine notoriété, il capitalise plus du tiers du nombre de voix réalisé par l’UMP. ça pèsera…
5- Enfin, coup de chapeau à Patrick Chaimovitch, des verts / Europe écologie : il fait trois fois plus de voix que le candidat des verts de 2009. Bien sûr les Japonais ont aidé. Qu’on me permette d’y voir aussi la preuve de qualités personnelles réelles, et de l’efficacité d’une campagne qui n’a pas dérivée sur des thèmes communautaristes ou autres…. La aussi, ces 11.5 %, qui suivent d’excellents résultats aux Européennes et aux Régionales, pèseront lourds dans les discussions au sein de la majorité municipale… ça ne va pas être facile tous les jours d’être à la tête d’une coalition avec un allier en perdition et un autre qui se sent pousser des ailes…
Ah oui, j’allais oublier, le second tour, quel scoop ! c’est PS / UMP, comme quoi tout ce qui précède c’est un peu «tempête dans un verre d’eau »…
A dimanche prochain….